Israël étudiait ce mardi une proposition égyptienne de trêve, écartée en l'état par le Hamas palestinien, une semaine après le déclenchement de l'offensive israélienne sur la bande de Gaza, plus meurtrière que celle de 2012.
Médiateur lors des précédentes crises entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, le Caire a proposé une trêve à partir de 06h00 GMT ce mardi, alors que le secrétaire d'Etat américain John Kerry est attendu dans la journée en Egypte.
Mais le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a rejeté tout cessez-le-feu qui n'inclurait pas un accord complet sur le conflit l'opposant à Israël, a déclaré un porte-parole, Fawzi Barhoum, à Gaza.
"Un cessez-le-feu sans parvenir à un accord est exclu. En temps de guerre, on ne cesse pas le feu pour ensuite négocier", a dit Barhoum à l'AFP. Le Hamas exige l'arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l'ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l'Egypte et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre de l'accord d'échange du soldat israélien Gilad Shalit en 2011.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a convoqué son cabinet de sécurité ce mardi matin pour "examiner sérieusement" la proposition égyptienne. Netanyahu serait disposé à accepter un cessez-le-feu avec le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a affirmé le correspondant diplomatique du quotidien Haaretz, Baral Ravid, sur son compte Twitter.
L'Egypte a dévoilé son plan peu avant l'ouverture d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe. L'initiative égyptienne prévoit un "arrêt total des hostilités aériennes, maritimes ou terrestres" et l'ouverture dans la foulée de négociations sur l'entrée des biens et des personnes dans l'enclave palestinienne sous blocus. L'Egypte propose d'accueillir sous 48 heures après l'entrée en vigueur de la trêve deux délégations palestinienne et israélienne pour ouvrir ces discussions indirectes.
La Ligue arabe a appelé dans la nuit de ce lundi à mardi Israéliens et Palestiniens à accepter cette proposition, tandis que les Etats-Unis ont salué la proposition égyptienne, espérant qu'elle "permettrait un retour au calme le plus vite possible" face à une "situation dangereuse et instable".
Le président palestinien Mahmoud Abbas s'est félicité de l'initiative égyptienne et a appelé les parties à respecter le cessez-le-feu. L'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, a salué l'offre du Caire qui pourrait "arrêter la perte tragique de vie humaine, les roquettes sur Israël".
A Washington, la Maison blanche a mis en garde contre une offensive terrestre "parce que cela mettrait en danger davantage de civils", tout en répétant qu'Israël avait le "droit" et la "responsabilité" de protéger ses citoyens.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que "trop de civils palestiniens" avaient été tués et a redouté qu'une éventuelle offensive terrestre ne vienne alourdir ce bilan. La Ligue arabe a, elle, exhorté la communauté internationale à protéger Gaza, faisant écho à une demande ce dimanche du président Mahmoud Abbas de "placer officiellement l'Etat de Palestine sous le régime de protection internationale de l'ONU".
Sur le terrain, les hostilités n'ont pas cessé. En une semaine, les raids aériens israéliens dans la bande de Gaza ont fait 186 morts et près de 1.300 blessés, selon un dernier bilan des services de secours qui dépasse les 177 morts palestiniens enregistrés lors de l'offensive de novembre 2012.
Pour la première fois depuis le début de l'opération à Gaza, un Palestinien de 20 ans a été tué en Cisjordanie dans des heurts avec l'armée lors d'une manifestation ce lundi matin. Israël a aussi poursuivi sa campagne de répression en Cisjordanie occupée, en arrêtant 23 Palestiniens dans la nuit, dont 11 députés du Hamas.
Selon l'armée israélienne, plus de 800 roquettes ont atteint le territoire de l'Etat hébreu en une semaine. Elles ont fait quatre blessés graves. En 2012, six Israéliens avaient été tués. A Gaza, "tout indique, c'est dramatique, que les femmes et les enfants représentent une large part des victimes des frappes aériennes", a déploré à Gaza le patron de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), Pierre Krahenbuhl. "A l'heure actuelle, plus du quart des morts sont des enfants", a-t-il insisté.
Selon l'UNWRA, quelque 17.000 personnes ont trouvé refuge dans les écoles qu'elle gère sur place. Mais l'accueil y est difficile. "Il y a très peu d'eau, de nourriture et les enfants n'ont rien à faire. On dort à même le sol", a raconté Rehab, une déplacée de 27 ans.
Le conflit menace de s'étendre aux frontières d'Israël. Deux roquettes tirées depuis la Syrie et une depuis le Liban sont tombées ce lundi en Israël, dont deux sur le Golan, région occupée par Israël, selon l'armée israélienne, qui n'a recensé aucune victime. A l'extrême-sud d'Israël, trois roquettes lancées de Gaza se sont abattues tôt ce mardi matin sur le port d'Eilat et aux alentours, près de la frontière avec l'Egypte et la Jordanie, selon l'armée. Deux personnes ont été légèrement blessées.