États-Unis : 7 exécutions prévues en 10 jours en Arkansas
L'état américain est forcé d'accélérer les mises à mort parce que l’un des sédatifs du cocktail médicamenteux a une date de péremption qui expire à la fin du mois.

La peine de mort fait toujours débat aux États-Unis, d’autant que l’état de l’Arkansas va mener des exécutions en chaîne à partir de lundi. 7 exécutions en 10 jours, deux par deux. Un rythme inédit depuis le rétablissement de la peine de mort il y a quarante ans. Elle est légale dans 31 états sur 50 mais certains comme la Californie ne l’appliquent plus depuis plus de 10 ans. L’état fédéral peut aussi condamner à mort. À la fin des années 90, il y avait près d’une centaine d’exécutions par an. En 2016, il n’y a eu "que" 20 exécutions.
20 exécutions sur l’ensemble du pays, 7 programmés en quelques jours dans le seul Arkansas, qui est un petit état, qui n’a pas exécuté de condamné depuis douze ans. Et les crimes de ces 7 hommes ont tous été commis entre 1989 et 1999. L’Arkansas, c’est un état du sud, dont Bill Clinton était le gouverneur, mais qui est très conservateur.
Ça va vous sembler stupéfiant, mais l'empressement c'est parce que l’état vient seulement de recevoir l’un des sédatifs du cocktail médicamenteux, et un autre a une date de péremption qui expire à la fin du mois. Or il est difficile d’acquérir ces substances létales, beaucoup d’entreprises pharmaceutiques refusent désormais de les vendre, au nom de la morale, et sous la pression publique. Et puis à plusieurs reprises, dans plusieurs états, des condamnés à morts se sont réveillés après l’injection, quasi paralysés, agonisants, cherchant à respirer.
D'autres méthodes alternatives
Cette mort par injection est devenue si compliquée, que d’autres états choisissent des méthodes alternatives. Dans l’Utah, ce sont désormais des pelotons exécutions. Comme dans l’Oklahoma, où la mort peut être aussi provoquée par électrocution ou en gazant le condamné à l’azote. Les militants contre la peine de mort se mobilisent autour du cas de l’Arkansas, contre ces exécutions à rythme accéléré. L’un d’entre eux dit par exemple qu’on enlève la dernière dignité du condamné, ce n’est même pas une exécution individuelle, c’est à la chaîne, comme si on abattait du bétail. C’est une méthode barbare.
Les employés chargés de la mise à mort vont être soumis à un stress intense, avec cette série. Or on sait que dans le passé des exécutions se sont mal passés à cause d’erreurs humaines. En plus ça pose un autre problème : la loi de l’Arkansas exige la présence de 6 témoins, et l’état peine à trouver des candidats suffisamment nombreux pour toutes ces exécutions.
Plusieurs avocats espèrent pouvoir suspendre ou reporter ces exécutions. Ils se battent pour repousser ces mises à
mort en série. D’ailleurs
au départ il devait y avoir huit exécutions, mais un juge fédéral a suspendu le
processus de l’un d’entre eux. Ça ne veut pas dire qu’il est gracié, mais il va
rester dans le couloir de la mort. Le
gouverneur lui dit qu’il ne fait qu’appliquer la loi, ces hommes ont été
condamnés à mort avant qu’il ne soit pas en poste, et il dit que ces meurtriers
n’ont eu, eux, aucune pitié pour leurs victimes.