On en sait un peu plus sur les milliers de documents de Daesh qui avaient fuité. Principalement dévoilés par Sky News mais aussi par d'autres médias comme NBC News ou un site syrien, ces fichiers contenaient de nombreuses informations personnelles sur des recrues de l'organisation jihadiste arrivées entre début 2013 et fin 2014.
Après avoir épluché tous ces fichiers, dont l'authenticité avait été remise en doute et qui ne concernent finalement que 4.188 combattants en raison des nombreux doublons, les experts américains du Combating Terrorism Center de l'académie militaire de West Point (New York) ont pu dévoiler mardi 19 avril un rapport mettant en exergue certaines données sur la nationalité, le niveau d'éducation ou encore le nombre de recrues souhaitant devenir kamikazes.
Parmi les combattants, la plupart (579) sont de nationalité saoudienne. Les Tunisiens (559) et les Marocains (240) complètent ce podium, tandis que 49 Français ont été recensés. Même si les formulaires distinguent la nationalité du pays de résidence, l'Arabie Saoudite reste le pays qui fournit le plus de combattants. Cela représente pour eux presque 26 jihadistes pour 1 million d'habitants. La proportion est bien plus conséquente pour la Tunisie, le rapport étant de 58 pour 1 million. Pour la France, d'où sont partis 128 jihadistes (qui ne sont donc pas forcément tous de nationalité française), cela représente 1,93 combattant pour 1 million d'habitants.
Les combattants sont jeunes mais ce n'est pas une vérité absolue. Les chercheurs ont pu établir que les recrues avaient en moyenne 26 ou 27 ans au moment de remplir le formulaire. Le plus vieil arrivant est un résident du Kirghizstan, né en 1945, marié et père de cinq enfants. Il s'avère aussi que 12 individus, dont deux qui proviennent de France, sont nés dans les années 1950. Leur expérience professionnelle conséquente porte à croire qu'ils servent le plus souvent à la logistique. Enfin, 41 recrues sont âgées de 15 ou moins. Le plus jeune a 12 ans. "Les enfants semblent être préparés pour des rôles de combattants dans le futur", indique le rapport.
Les jihadistes de Daesh sont souvent considérés comme des hommes solitaires. D'une certaine manière, la proportion de célibataires (61%) parmi les recrues tend à corroborer cette hypothèse. Cependant, il se trouve que 30% d'entre eux sont mariés, que ce soit à une ou plusieurs femmes.
Dans le type de formulaire le plus commun dans la multitude de documents, la question 16 demande aux nouveaux membres s'ils aspirent à être un simple combattant, un "istishhadi" (kamikaze à la bombe) ou un "inghimasi" (un combattant-suicide). Les résultats montrent que 89% (3.521 personnes) sont venus pour être des combattants. Une minorité de 12% (443 kamikazes) qui cherchent à mourir en martyr. Le rapport estime que cette proportion satisfait les ambitions de Daesh qui ne peut se permettre de perdre trop de personnel pour faire fonctionner correctement son administration.
Le Combating Terrorism Center remarque que les candidatures de Daesh ne sont pas toutes destinées au combat. Certes, 81% d'entre le sont effectivement. Les formulaires montrent que les postulants sont intéressés par des postes pour l'application de la charia, dans l'administration, la sécurité ou encore les médias.