Comment les banquiers chinois prennent les Américains au portefeuille
ÉDITO - Dans la guerre commerciale qui oppose la Chine aux États-Unis, Pékin sort son arme secrète en vendant massivement de la dette américaine.

Un nouveau front de la guerre économique entre la Chine et les États-Unis s'est ouvert. On connaissait jusqu'ici la guerre commerciale, avec les taxes infligées par Washington sur les produits vendus par Pékin en Amérique, et les taxes symétriques, imposées par la Chine en rétorsion, sur les exportations des États-Unis vers l'empire du Milieu.
Mardi 19 juin encore, Donald Trump a menacé de frapper cette fois-ci 200 milliards de produits - ce serait bien davantage que ce qui a été fait jusqu'ici. Mais voici que se profile aussi la guerre financière, sur les marchés. On a appris que la Chine avait vendu des emprunts du Trésor américain sur les mois de mars et d'avril dernier.
La Chine est aujourd'hui le prêteur le plus important de l'Amérique. Elle achète, depuis quinze ans, des bons du Trésor américain, c'est-à-dire des obligations émises par l'État fédéral pour financer le déficit budgétaire américain. La Chine détient ainsi près de 1.000 milliards de dette américaine, qu'elle a achetée.
Et voilà que deux mois consécutifs, ce stock de dette américaine détenu par les Chinois a diminué sensiblement. Parce que les Chinois se sont débarrassés d'une partie, en la vendant sur les marchés financiers. Et il est tout à fait vraisemblable que cela soit une forme de menace vis-à-vis des Américains. "Si vous continuez à nous chercher des noises avec la guerre commerciale, nous ne financeront plus aussi facilement votre économie", semblent dire les Chinois.