La chancelière allemande Angela Merkel et son parti la CDU se sont prononcés le 9 janvier en faveur d'un très net durcissement des règles d'expulsion de demandeurs d'asile condamnés par la justice en Allemagne, en l'autorisant même pour ceux condamnés à une peine avec sursis. Cette déclaration fait suite aux violences physiques et aux vols qui se sont produits à Cologne dans la soirée du 31 décembre 2015. Selon la police, 379 plaintes dont deux pour viol ont été enregistrées. 22 des 32 suspects possèdent le statut de demandeur d'asile. 76 infractions dont 12 à caractère sexuel (7 agressions sexuelles) ont été recensées.
"Si les réfugiés ont commis un délit", cela doit "avoir des conséquences, (...) cela veut dire que le droit (de séjour) doit s'arrêter s'il y a une peine de réclusion, même avec sursis", a déclaré Mme Merkel, au sujet des événements de Cologne. Jusqu'à présent, un demandeur d'asile ne peut être expulsé qu'après avoir été condamné à au moins trois ans de prison. Sa vie et sa santé ne devant pas être menacées dans son pays d'origine.
Cologne a tout changé, les gens doutent
Volker Bouffier, vice-président de la CDU
La CDU, le parti d'Angela Merkel, est sur la même longueur d'ondes que la chancelière. Réunis à Mayence, dans le sud ouest de l'Allemagne, les cadres du parti ont demandé que la perte du droit d'asile en Allemagne soit plus systématique en cas de délit. "Cologne a tout changé, les gens doutent", a lancé Volker Bouffier, vice-président de la CDU.
Après les pays des Balkans, Angela Merkel pourrait déclarer "sûrs" des pays comme l'Algérie et le Maroc. "Les perspectives de séjour pour ces réfugiés (algériens et marocains, NDLR) sont bien moindres que celles par exemple des Syriens et des Irakiens", a précisé la chancelière. En 2015, 1,1 million de demandeurs d'asile ont rejoint l'Allemagne.
Cette décision est en voie d'être prise alors même qu'une manifestation est organisée par le mouvement islamophobe Pediga pour dénoncer la politique migratoire portée par la chancelière. Elle a réuni plusieurs centaines de partisans devant la gare de Cologne le 9 janvier. Des heurts entre manifestants d'extrême-droite et des policiers ont éclaté. Un millier de contre-manifestants leur ont fait face. Selon la police, quatre personnes, trois policiers et un journaliste, ont été légèrement blessés mais les incidents ont été brefs.