Le FMI suggère aux Allemands de travailler plus longtemps
ÉDITO - Le Fonds monétaire international s'en est de nouveau pris aux excédents allemands jugés trop élevés, enjoignant le pays à baisser les impôts et investir.

Emmanuel Macron était dès lundi 15 mai en Allemagne pour son premier déplacement présidentiel. Au même moment, le Fonds monétaire international recadrait la politique d'Angela Merkel. Une mise au point qui détonne, sur la forme et sur le fond. En une phrase, les analystes du FMI soulignent que Berlin doit travailler plus pour distribuer plus, et surtout dépenser plus. Très concrètement, l'organisation internationale rallie les positions françaises : l'Allemagne investit trop peu, verse des salaires trop faibles et prélève des impôts trop élevés.
Nos voisins, assis sur un tas d'or alimenté par leurs 200 milliards d'excédents annuels du commerce extérieur et des comptes publics, devraient consolider leurs infrastructures, accélérer la mutation numérique d'un pays qui n'est pas dans ce domaine au niveau de sa puissance économique, mais aussi développer l'accueil de la petite enfance pour faire une place aux femmes dans les activités du pays ou mieux intégrer le million de réfugiés installés outre-Rhin, plutôt que de se comporter comme l'Oncle Picsou du Vieux continent.
Message en stéréo
Angela Merkel va écouter ces recommandations ? Le message est en stéréo. D'un côté, le FMI et la majorité des pays de l'Union ; et de l'autre, son grand partenaire européen. Emmanuel Macron était lundi à Berlin pour mettre des mots sur cette musique. La question désormais c'est de savoir si la chancelière, qui a été sourde quand François Hollande faisait les mêmes remarques, va y prépare l'oreille ?
On peut pour la première fois espérer une écoute positive. Angela Merkel veut être réélue en septembre. Or comme le FMI, son opposition sociale-démocrate alerte sur le risque d'aggravation de la pauvreté et d'une plus grande disparité des revenus dans la première économie du continent.
Macron surfe sur la marée montante
Ensuite, la France met la relance du projet européen dans la balance. Berlin veut aussi avancer sur ce terrain. Comme c'est inconcevable sans une Allemagne qui met plus de charbon dans la chaudière économique européenne, Angela Merkel va devoir bouger. Deux éléments a priori favorables à un assouplissement du dogmatisme germanique.
Du coup, la visite du président français tombe à pic. Emmanuel Macron surfe sur la marée montante. Mais le jusant pointe : la bonne santé de la zone euro tient à la participation allemande. Celle-ci est conditionnée par la remise en ordre des finances de la France. Emmanuel Macron devra donc, d'ici l'automne, convaincre nos partenaires que ses propositions pour l'Europe sont sérieuses et qu'elles seront accompagnées de réformes dans l'Hexagone.
La note du jour
13/20 à un jeu vidéo conçu par l'Institut Montaigne et le cabinet spécialisé Jalma. Il va permettre à chacun d'être le patron de Sécurité sociale et de comprendre à la fois ses mécanismes et la nécessité d'en redresser les comptes. Le jeu est certainement plus facile que la réalité.