Gotlib au musée du Judaïsme : "Je déteste les décors, je ne suis pas foutu de faire un vélo", avoue-t-il

Un des génies de la bande dessinée française s'expose au musée du Judaïsme à partir du 12 mars. Il s'appelle Marcel Gotlib. On lui doit des histoires hilarantes tel que Gai Luron, La Rubrique à Brac ou encore Pervers Pépère.

C'est un mythe vivant, vénéré par ses pairs et par des gens comme Alain Chabat, Laurent Baffie et autre Benoît Delépine. La bande dessinée, le cabaret, la télé, ne seraient pas ce qu'ils sont sans Marcel Gotlib, l'ancien titi parisien de la butte Montmartre.

Il va bientôt avoir 80 ans et le musée du Judaïsme lui consacre une grande exposition : Les mondes de Gotlib. Dans les années 60, 70, Gotlib a bouleversé la bande dessinée. Tout était tourné en dérision, les princes charmants perdaient leur dents, les princesses avaient des gros nez, les héros étaient des éboueurs. Gotlib désacralisait tout.

La petite coccinelle, personnage emblématique

Il se moquait même de la BD, en faisant exploser les conventionnelles cases dans un magnifique délire d'absurdités. Le personnage le plus emblématique de son œuvre : la petite coccinelle qui apparaît dans La Rubrique à Brac. Et pour une raison bien simple : "Je déteste les décors, je ne suis pas foutu de faire un vélo", du coup, "j'enlevais tous les trucs qui m'ennuyaient à dessiner, et, comme ça me gênait un peu vis à vis des lecteurs, je mettais cette coccinelle qui commentait la bande dans laquelle elle-même était. C'est devenu le symbole de La Rubrique à Brac", se souvient le dessinateur.

La coccinelle est érigée en majesté au musée du Judaïsme, mais pas seulement. Devant chacune de ces 176 planches originales de Gotlib qui sont exposées pour la première fois, l'admiration le dispute à l'hilarité, il a le génie modeste, et la charge tendre. Gotlib n'est pas Reiser, qu'il admirait absolument, Gotlib est un gentil.

Il ne s'est pas seulement contenté de dessiner, il a aussi créé des revues : Fluide glacial dans lequel paraissait Pervers Pépère, mais aussi L'Echo des Savanes avec Brétécher et Mandryka.

Brassens et Claudie Gotlib : les deux passions de sa vie

L'exposition donne aussi l'occasion de mieux connaitre cette icône du 9ème art qu'est Marcel Gotlib, né dans une famille juive Hongroise le 14 juillet 1934. Son père est mort en déportation sans jamais lui dire le sens exact du mot Gotlib.
 
Marcel Gotlib a eu deux passions dans sa vie : sa femme Claudie et "Brassens, confie-t-il. Quand qu'il a sorti son premier disque, sur lequel il y avait Le Gorille, La chasse aux papillons, j'étais en extase", explique-t-il.

Marcel Gotlib a arrêté de dessiner dans les années 80, mais ses albums ont continué d'être lus, relus, de génération en génération, et ils le seront encore longtemps. La preuve en est qu'ils sont une nouvelle fois réédités pour cet hommage que lui rend le musée du Judaïsme à Paris. Les mondes de Gotlib c'est à partir du 12 mars et jusqu'au 27 juillet.

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