John Irving : "Nous ne sommes pas aussi réels que les animaux"

C'est un monstre sacré de la littérature, un géant des lettres. L'américain John Irving était de passage à Paris pour la sortie de son 14e roman Avenue des mystères. Le personnage Juan Diego, un écrivain comme dans Le Monde selon Garp. Il est né dans la misère au Mexique, a grandi sur une décharge où il a appris à lire dans les livres sauvés des détritus. Désormais célèbre et vieillissant, il part en voyage aux Philippines. Perturbé par l'oubli de ses bêtabloquants et une consommation intensive de Viagra, Juan Diego divague entre rêves et souvenirs.

Il se remémore, par exemple, la mort de sa mère, prostituée la nuit, femme de ménage chez les jésuites le jour, victime de la chute d'une statue géante de la Vierge de Guadalupe. La religion est omniprésente dans ce 14e roman, souvent tournée en dérision, réduite à sa part de mystère. "Je n'ai rencontré personne qui soit mort et qui soit revenir me dire ce qu'il y avait là-bas. Je ne demanderais certainement pas aux gens de croire ce en quoi moi je crois, car je ne sais pas ce qu'il y a là-bas", confie John Irving.

"Avenue des mystères" est fidèle aux thèmes de John Irving

On retrouve le sexe hors norme, hors genre comme toujours, des travestis, des prostituées et deux inoubliables lectrices, deux admiratrices insatiables de l'écrivain Juan Diego, ou peut-être deux succubes, allez savoir ! Dans le monde selon Irving, tout peut arriver même des lions philosophes à la place des ours, l'animal fétiche d'Irving, ou des chiens baptisés Béatrice. Les animaux sont très présents dans l'univers de l'écrivain : "Les animaux sont beaucoup plus honnêtes que la plupart des humains. Ils ne mentent pas, ils ne trompent pas (...) nous ne sommes pas aussi réels que le sont les animaux", poursuit John Irving.