Un gourou reconnaît avoir violé une adepte de 14 ans

Le procès en appel d'un homme de 56 ans, soupçonné d'avoir violé la fille mineure d'une des adhérentes de la secte qu'il dirigeait, s'est ouvert jeudi 13 novembre devant la cour d'assises à Nancy, devant laquelle il a reconnu les faits pour la première fois.

"Je voudrais lui demander pardon pour le mal que je lui ai fait même si je pense que je ne me suis pas rendu compte sur le moment", a déclaré l'accusé, Hervé Granier, à l'ouverture des débats. "C'est un pardon sincère. J'ai brisé des personnes, j'ai brisé des gens. Aujourd'hui, je suis un homme brisé moi aussi. Je demande à réparer tout ça", a dit l'ancien gourou, qui avait été condamné à 17 ans de réclusion criminelle, en première instance, par la cour d'assises des Vosges à Epinal.

L'accusé s'était fait passer au cours des années 2000 pour le messie auprès d'une dizaine de personnes, à qui il réclamait chaque mois plusieurs centaines d'euros, au sein d'un mouvement sectaire qu'il avait créé à La Bresse (Vosges). En 2004, il avait expliqué à l'une de ses adhérentes qu'il souhaitait prendre sa fille, alors âgée de 14 ans, pour "femme divine".

300.000 euros de "dîme" mensuelle"

"Il commence à réaliser dans quels errements il était. Quatre ans de prison, ça fait réfléchir", ont commenté auprès les avocats de la défense, Mes Chantal Nedonchelle et Claude Llorente.

La défense avait jusqu'alors soutenu que les rapports sexuels avaient eu lieu plus d'un an plus tard, lorsque la jeune fille était sexuellement majeure, avant que l'accusé reconnaisse jeudi matin la réalité des viols. Après ce coup de théâtre, l'avocat de la jeune fille, Me Pierre-André Babel, a indiqué "prendre acte que l'accusé reconnaît désormais les faits de viol physique: le procès dira si l'autoproclamé messie reconnaît également le viol mental" de la victime.

La mère de celle-ci, désignée par l'enquête comme celle qui avait "livré" sa fille au gourou, avait initialement été mise en examen pour complicité de viol. Elle avait finalement bénéficié d'un non-lieu en fin d'instruction pour abolition du discernement, avant de se constituer partie civile.

"Nous attendons désormais de savoir si ces excuses sont sincères ou s'il s'agit d'une nouvelle manipulation du gourou", a souligné son avocat, Me David Collot, alors que l'accusé est également poursuivi pour abus de faiblesse au sein d'un groupement sectaire.

Selon l'accusation, le gourou a perçu environ 300.000 euros au titre d'une "dîme" mensuelle réclamée aux adeptes. Le verdict est attendu lundi.