Saint-Étienne-du-Rouvray : "Être homme, c'est tenter de pardonner", dit Nicolas Domenach

"Pour tout vous avouer, j’étais parti pour vous parler de cette histoire folle des électeurs de gauche qui voleraient la primaire de la droite, selon les sarkozystes. Je me serais allègrement moqué de toutes les calembredaines de ceux-là qui crient très fort 'au voleur', alors qu’en privé ils vous assurent depuis des semaines que les électeurs socialistes ne se déplaceront jamais", explique Nicolas Domenach. "Mais toutes ces sornettes m’ont paru dérisoires en regard de ces questions essentielles que nous posaient à nous tous très directement certains catholiques de la paroisse de Saint-Étienne-du-Rouvray: peut-on pardonner aux barbares, à ces enfants monstrueux d’un islam dévoyé ? Comment ne pas céder à la haine, qui peut emporter toute raison ?", poursuit-il.

La réponse est évidemment fort délicate. "Les autorités catholiques elles-mêmes ont recommandé la voie du pardon, tout en indiquant que se pouvait être un long chemin", note le journaliste. Il revient sur le témoignage bouleversant d'Anne, la fille du "miraculé" (car "son père a survécu après avoir été égorgé sous les yeux de son épouse épouvantée"). Après avoir été saisie d’un ressentiment étranger qu’elle ne connaissait pas, la haine, elle est partie à la rencontre des musulmans "pour chasser cette pensée".

"Le pardon est une force, qui déclenche des effets admirables, alors que la haine affaiblit", lance Nicolas Domenach, qui prévient : "Attention, pardonner ne signifie pas oublier". Il poursuit : "Le pardon exige la mémoire absolue du mal et du coupable qui doit être puni par la société". Citant Goethe : "Être adulte, c’est avoir pardonné à ses parents", il conclut "Alors être homme, c’est aussi tenter de pardonner aux humains".