Les médecins répondent au sénateur pour qui les "femmes sont là pour faire des enfants"

La sortie ne pouvait pas passer inaperçue. L'Ordre des médecins a "déploré" les propos "sexistes" tenus la semaine dernière par le sénateur de l'Indre Jean-François Mayet, qui avait lié le phénomène de désertification médicale à la féminisation de la profession de médecin. Saisie pour avis sur des éléments du projet de loi santé, la Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat a examiné mercredi 15 juillet le thème de la pénurie de médecins dans certains coins de l'hexagone. 

Or nonobstant l'égalité, elles sont quand même là pour faire des enfants

Jean-François Mayet

"Au risque de choquer, le libéral que je suis est convaincu qu'on ne résoudra pas la désertification médicale en comptant sur les seuls médecins libéraux", avait alors expliqué Jean-François Mayet (Les Républicains), participant au débat. D'une part, parce que les jeunes médecins "refusent le libéralisme", lui préférant le salariat. D'autre part, à cause de "la féminisation, puisque 75% des des nouveaux diplômés sont des femmes", a estimé le sénateur. "Or nonobstant l'égalité, elles sont quand même là pour faire des enfants...", avait t-il lancé. 

La féminisation de la médecine : un fait "incontestable", pas une difficulté

La sénatrice UDI Chantal Jouanno avait alors répondu : "elles ne sont pas là 'pour' faire des enfants ; elles font des enfants, c'est différent !". "En effet. Mais ce n'est pas à 50 ans qu'elles en feront", a alors rétorqué le sénateur. Et de poursuivre : "Ma fille a fait des enfants à 41 et à 42 ans : gérer deux enfants en bas âge en même temps qu'une carrière de médecin, ce n'est pas une sinécure !".  Regrettant "la faiblesse du débat", l'Ordre des médecins a regretté des propos "discriminants" qui, "déjà condamnables par leur caractère sexiste", démontrent selon lui une "méconnaissance forte (...) de la réalité dans les territoires".

"La féminisation de la profession, loin d’être une difficulté, est un fait incontestable", rappelle l'Ordre dans un communiqué, précisant que "45% des médecins sont des femmes", comme "58% des nouveaux médecins inscrits à l’Ordre" cette année.  "Cette féminisation profite le plus largement au secteur libéral", souligne-t-il, alors que "60% des jeunes médecins généralistes libéraux de moins de 40 ans sont des femmes". "Les difficultés à concilier vie professionnelle et vie privée sont des difficultés rencontrées par les hommes comme par les femmes", insiste l'Ordre. "C’est une évolution de fond des nouvelles générations de médecins qui n’est absolument pas limitée à un genre particulier".