La sanglante dérive de Yassin Salhi. De Pontarlier, où il est né il y a 35 ans, à Saint-Quentin-Fallavier, où il est suspecté d'avoir tué et décapité son patron vendredi 26 juin, comment ce voisin poli, discret et ce père de famille décrit par sa
femme comme normal s'est mué en terroriste ? Était-il si indétectable ?
Il a été signalé à de multiples reprises. Il est le fruit
d'une lente maturation et comme tous les autres terroristes qui ont frappé en
France avant lui, il a eu ses modèles et ses guides. En 2003 quand il apparaît
pour la première fois dans des documents des services de renseignement, il fait
partie du groupe Salvi, du nom d'un converti qui anime un petit groupe de
musulmans radicaux sur Pontarlier.
Yassin est jeune. Il a 23 ans et un BEP d'électrotechnique en poche. Avec ses amis, il veut prendre possession de la mosquée
Philippe Grenier qu'ils jugent trop modérée. L'année suivante, son mentor Fréderic
Salvi quitte la région et la France. Yassin se fait plus discret sur
Pontarlier.
En 2006, on retrouve la trace d'une fiche
"S" le concernant. C'est une
fiche d'alerte, une sorte de balise invisible que l'on pose sur quelqu'un. À
chaque fois qu'il est contrôlé par la police ou qu'il se déplace à l'étranger, les services de renseignement qui ont édité la fiche sont censés en être
informés. Yassin Salhi a fait l'objet de ce suivi purement administratif pendant
deux ans.
En 2011, d'après les déclarations du procureur François
Molins, il est de nouveau repéré dans la mouvance salafiste. Il habite alors
Besançon et est inscrit à Pôle Emploi. Il est vu aux côtés de musulmans
qualifiés de "durs" mais n'est toujours pas un meneur aux yeux des
autorités. En janvier 2013, une note évoque sa présence près de la mosquée de
Pontarlier. Il collecte de l'argent pour la construction d'un centre islamique
à Besançon. Avec lui, un ancien imam local, un rigoriste baptisé l'émir et un
autre homme de huit ans son aîné au profil inquiétant qui a voyagé en Algérie.
Au Pakistan, il a été soupçonné de liens avec le GIA Algérien.
Il n'est pas interdit de faire la quête. Les services de renseignement
font leur travail, repère et détecte. La preuve lorsqu'une voisine de Yassin
alerte les autorités l'an dernier sur les signes de radicalisation qu'elle
observe. Les services rédigent une nouvelle note aux accents inquiétants. Il y
est question des absences régulières et longues de Yassin vers des destinations
inconnues et surtout de curieuses réunions avec des hommes vêtus de treillis.
Comme pour Mohamed Merah et les frères Kouachi, on voit
des choses mais il faut ensuite évaluer la menace. C'est comme un tamis : on
ne surveille vraiment que les gros. La DGSI ne peut pas suivre tout le monde. Elle
avait mis Yassin Salhi sur ses listes mais n'effectuait aucune enquête
particulière. "Un salafiste ne fait pas toujours un terroriste",
résumait un policier comme pour enterrer toute forme de polémique. Reste
maintenant à vérifier que d'autres éléments sur la radicalisation de Yassin
n'aient pas complètement échappé aux autorités.
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