Aubervilliers : "L'enseignant a voulu attirer les regards", analyse un psychanalyste

C'est un des piliers de l'école maternelle Jean-Perrin. Stéphane, 45 ans, enseigne depuis plus de 20 ans dans cet établissement. Réputé intransigeant sur la politesse, l'enseignant semble faire l'unanimité chez les parents d'élèves, d'où la stupeur de Yolande, mère de famille. Sa fille était scolarisée il y a quelques années dans la classe de cet instituteur. "Il est super gentil, très sérieux et gentil avec les enfants. Je n'y crois pas, ça m'étonne, j’hallucine !", s'exclame-t-elle. 

À l'annonce de la fausse agression du 14 décembre, beaucoup de parents d'élèves tombent des nues. D'autres, comme Amel, s'interrogent sur l'état psychologique de l'enseignant. "Est-ce qu'il a une situation familiale ? Est-ce qu'il a été confronté à des accrocs avec des musulmans ? C'est peut-être ce qui a provoqué une sorte d'hystérie dans sa tête. C'est très grave".

Le psychanalyste Pascal Neveu, auteur de Mentir pour mieux vivre ensemble ? Psychologie du changement, tente d'expliquer le mensonge de l'enseignant : "L'actualité est l'effet catalyseur de ce genre de mensonge". Les attaques terroristes perpétrées à Paris le 13 novembre ou le résultat des élections régionales pourraient être des éléments déclencheurs. Tout ça "est venu s'agglomérer dans son psychisme et cela a créé ce genre de mensonge. J'insiste sur le fait que cet enseignant n'est pas un mythomane. Un mythomane est quelqu'un qui n'a pas conscience qu'il ment. Il pense que ce qu'il raconte est la vérité. Le menteur ordinaire, lui, a conscience de son mensonge. Or, lui, a très rapidement dit que son histoire est un mensonge. Le but, c'est d'attirer le maximum de regards vers lui. Il a une qualité symbolique, il est enseignant. C'est quelqu'un qui doit transmettre des valeurs et des vérités à une population faible, des petits enfants. Son futur risque d'être plus compliqué que la souffrance qui l'a amené à ce passage à l'acte."

Réputé sans histoire, l'instituteur Stéphane est en couple avec la directrice d'une autre école maternelle d'Aubervilliers. Elle a longuement été entendue par les policiers le 14 décembre. Blessé mais hors de danger, l'enseignant reste, lui, hospitalisé. Il y aura bien classe ce 15 décembre à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, mais ce sera un professeur remplaçant qui accueillera les enfants de l'école Jean-Perrin. Le 14 décembre, leur enseignant de 45 ans a inventé de toute pièce son agression au cutter. Il a affirmé qu'un homme se réclamant de Daesh lui a sauté dessus. La section antiterroriste du parquet de Paris s'était aussitôt saisie de l'enquête.