Des universitaires dénoncent les plans anti-passeurs de l'UE

"Une dangereuse perversion de l'histoire est en train d'être colportée", dénoncent plus de 300 universitaires signataires jeudi 21 mai d'une tribune publiée sur le site Opendemocracy.net. Des sociologues, historiens, ou politologues d'Europe, d'Afrique, d'Amérique et d'Australie dénoncent comme "totalement fausse et opportuniste" l'assimilation faite en Europe entre ce trafic des migrants et la traite des esclaves. 

Le Premier ministre italien, Matteo Renzi, qui a appelé l'UE à agir contre les "marchands d'esclaves du XXIème siècle" et le président français François Hollande, qui a fustigé les "nouveaux négriers" de la Méditerranée, ont notamment fait ce parallèle. 

Nous exigeons que les dirigeants européens cessent d'abuser de l'histoire de l'esclavage pour légitimer des actions militaires

Collectif d'universitaires

"Les Africains réduits en esclavage ne voulaient pas se déplacer (...) ceux embarqués vers l'Europe le veulent", relèvent ces universitaires, dont nombre issus de prestigieux établissements, Oxford, Yale ou Sciences-Po Paris. 

Ils retournent l'argument contre les pays européens, accusés d'être ceux qui entravent la circulation en sécurité des migrants, poursuivant ainsi "une longue tradition", en vertu de laquelle "les États esclavagistes des XVIIIème et XIXème siècle ont usé de violence pour empêcher certains groupes humains de se déplacer librement". 

"Nous exigeons que les dirigeants européens cessent d'abuser de l'histoire de l'esclavage pour légitimer des actions militaires", poursuit le texte alors que l'Union européenne a mis sur pied en début de semaine une opération navale pour combattre les trafiquants sans précédent.