Européennes 2014 : pourquoi l'obscur traité de libre-échange transatlantique divise les Européens

DÉCRYPTAGE - Les négociations entre l'Union européenne et les États-Unis concernant une zone de libre-échange font débat. Les opposants dénoncent le manque de transparence.

Les Européens restent divisés sur la question du traité de libre-échange transatlantique

Crédit : AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN

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À seulement cinq jours des élections européennes, le Traité transatlantique monopolise une partie de la campagne électorale. Il régira les échanges et investissements entre les États-Unis et l'Union européenne. Ses détracteurs mettent en avant des négociations opaques, voire secrètes.

Qu'est ce que le "Tafta" ?

Appelé "Tafta" pour Transalantic Free Trade Area ("zone de libre-échange transatlantique"), cet accord prévoit la suppression des droits de douane et l'harmonisation des "barrières non tarifaires", qui comprennent toutes les normes et quotas. L'objectif est de créer la plus grande zone de libre-échange au monde. Le marché ainsi uniformisé représenterait 40% du PIB mondial et 820 millions de consommateurs.

En discussion depuis juillet 2013, les négociations ont repris lundi 19 mai afin de pouvoir commencer une mise en place à l'horizon 2015. Cependant, ce traité est loin de faire l'unanimité. Les opposants, qui comptent dans leurs rangs des syndicats, fédérations professionnelles, agriculteurs et organisations écologistes, craignent la mise à mal de valeurs sociales, règles sanitaires et environnementales. Le consommateur en payerait le prix fort.

Vers une "Europe américaine" ?

Concrètement, un pays ne pourrait plus interdire l'exploitation du gaz de schiste, des OGM ou encore la viande aux hormones. En France, le Front de gauche et Europe Écologie - Les Verts dénoncent le risque "d'une Europe américaine", à cause du manque de transparence.

Quatre réunions ont déjà eu lieu entre Bruxelles et Washington et à chaque fois, elles se sont déroulées à huis clos. Les informations filtrent difficilement dans la presse. Ce sont les détracteurs du traité qui braquent les projecteurs sur cette potentielle zone de libre-échange.

Des négociations opaques

Officiellement, ce silence s'inscrit dans une stratégie : "Un certain niveau de confidentialité est nécessaire pour protéger les intérêts européens", dit-on à la Commission européenne. Mais toutes ces négociations sont aussi l'affaire des grands lobbyistes de l'agro-alimentaire, qui bénéficieraient d'un nouveau marché d'une ampleur considérable.