Élections professionnelles : la CFDT est en train de rafler la mise

La CGT et la CFDT sont les deux principales centrales syndicales françaises. L'une conteste la loi Travail du gouvernement ; l'autre l'approuve. L'une développe une stratégie de contestation radicale ; l'autre, au contraire, prône le compromis social. Mais les deux centrales se livrent aussi une autre bataille, au long cours celle-ci : celle qui vise la place de premier syndicat français, le statut de syndicat le plus représentatif, ce qui confère un avantage dans la négociation sociale et aussi dans la répartition des subventions financières que la collectivité attribue aux syndicats.

Aujourd'hui, c'est la CGT qui l'emporte, d'une courte tête. Elle représente 26,8% des salariés français. Mais la CFDT, qui la talonne à 26%, pourrait bien lui ravir prochainement la première place.

La CGT perd des points

Les deux syndicats vont être départagés avec les élections qui sont organisées dans les entreprises, qui mettent en concurrence les listes des différentes centrales. La CGT a perdu des points chez Renault ouAir France, par exemple. Même à la SNCF, où elle reste puissante (on le voit avec les grèves), elle a perdu dix points en dix ans.

La prochaine bataille, déterminante, se prépare : il s'agit des élections dans les très petites entreprises (TPE), très nombreuses en France, où les électeurs votent non pas pour des listes, mais pour les centrales elles-mêmes, leur stratégie, leur image, leur leader. Près de 5 millions de salariés sont concernés. La CFDT a lancé sa campagne mardi 31 mai. La CGT l'avait fait il y a déjà un moment. Les élections auront lieu en novembre et décembre prochain.
Le conflit sur la loi El Khomri peut-il influencer le vote ? C'est toute la question. Les élections récentes semblent donner un avantage à la CFDT. Chez Adecco, chez Fram ou à Pôle Emploi, où la CFDT devrait atteindre 20% lorsque toutes les régions auront voté. À Pôle Emploi, la chute de la CGT la situe à la lisière de 10%, c'est-à-dire qu'elle pourrait perdre sa représentativité.

Tout cela a commencé avant la loi Travail

Peut-on dire que la CFDT qui tire parti du conflit El Khomri grâce à sa position réformiste ? Non. D'abord parce que la CGT est sur une tendance baissière depuis déjà un moment, comme en témoigne son érosion dans les bastions. Tout cela a commencé avant la loi Travail. Ensuite parce que les électeurs se déterminent au niveau local, en fonction des représentants syndicaux de leur entreprise. Ils votent moins en fonction des positions de la centrale que de l'action des syndicalistes qu'ils connaissent, dans leur cadre professionnel. Les meilleurs représentants sont ceux qui sont proches du terrain, et qui ont réussi à améliorer les conditions de travail ou de rémunération de leurs mandants.

Le dernier facteur, c'est le nombre d'entreprise où les deux centrales sont présentes. Compte tenu de tout cela, et Philippe Martinez l'a reconnu récemment, il est vraisemblable que la CFDT devienne la première organisation syndicale française en 2017.