Selon l'ONG britannique Oxfam, soixante-deux personnes disposeraient d'une richesse égale à celle de la moitié la plus pauvre de la planète, soit 3,5 milliards d'individus. C'est une concentration sans précédent, bien plus forte que ce qui avait été anticipé. Qui sont ces 62 ? Les milliardaires comme Bill Gates, Warren Buffet, ou chez nous Liliane Bettencourt, l'héritière de L'Oréal. Ce sont pour beaucoup des Américains, entrepreneurs pour la plupart. Cinquante-trois d'entre deux sont des hommes. Ce qui est frappant, c'est que le phénomène de concentration s'est aggravé dans les années récentes. Notre gang des 62 a vu sa fortune progresser de plus de 500 milliards depuis 2010. Et si l'on élargit un peu la focale, en considérant les 1% les plus fortunés de la planète, ce sont les gens qui disposent de plus d'un million d'euros de patrimoine, on voit qu'ils profitent de la moitié de la croissance depuis le début du siècle.
Cela veut dire que plus on est riche, plus on profite de la croissance. Alors que dans le même temps, les salaires moyens ou faibles n'ont pas augmenté. Plusieurs causes expliquent cette divergence. La mondialisation est probablement la plus importante. Elle s'est traduite par une augmentation des revenus du capital plus forte que celle du travail. La mondialisation permet aux plus fortunés de choisir les investissements les plus rentables dans le monde, alors que dans le même temps elle met en concurrence les travailleurs, au profit de ceux qui sont payés le moins. Elle fait donc grimper les revenus des riches, et fait baisser ceux des non qualifiés. Il y a ensuite l'optimisation fiscale, elle aussi permise par la mondialisation, puisqu'elle vous permet d'aller mettre votre argent dans les paradis fiscaux. D'après Oxfam, il y aurait 7600 milliards de dollars de richesses accumulées dans ces paradis, qui échappent à toute taxation.
La mondialisation est ambiguë : elle produit à la fois du bon et du mauvais
François Lenglet
La mondialisation est donc une machine à produire des inégalités. En réalité, elle augmente les opportunités de croissance, et ce sont les plus forts, les plus qualifiés, les plus agiles qui en profitent. Pour être honnête, il faut aussi dire qu'elle a eu un effet très positif, que nous, Occidentaux, ne voyons pas, et c'est un avantage qu'Oxfam oublie : elle a sorti de la pauvreté un milliard de Terriens depuis trente ans, en Asie et en Afrique principalement. La mondialisation est donc ambiguë : elle produit à la fois du bon et du mauvais. Le problème, c'est que les inégalités qu'elle fabrique ont été amplifiées par les politiques depuis la crise.
Depuis la crise financière, toutes les grandes zones économiques - l'Amérique, l'Europe, le Japon, et maintenant la Chine - ont pratiqué des politiques monétaires pour soutenir les marchés financiers, dans l'espoir que cela revivifie l'économie réelle. Le principal effet a été de faire gonfler les cours, et donc la richesse des milliardaires, qui est bien souvent composée de participations dans des entreprises cotées. Cela marche d'ailleurs un peu moins bien depuis quelques semaines, les bourses ont pas mal perdu. Rien que lundi 18 janvier, la bourse américaine a chuté de 2%, ce qui doit faire une trentaine de milliards en moins pour nos 62. Ce n'est pas rose tous les jours d'être milliardaire...
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte